Le Limbourgeois est connu de la plupart des fans comme un joueur doué techniquement et doté d'une frappe fantastique. En Belgique, malgré ses 129 buts en 227 matchs de Pro League pour le RSC Anderlecht, « Lucky Luc » ne se sentait pas apprécié par les supporters et la presse. Il a donc passé la frontière pour acquérir le statut de dieu aux Pays-Bas. Aujourd'hui, les fans belges saluent le talent de l'attaquant du KFC Winterslag et du RSC Anderlecht en lui offrant une place dans le Hall of Fame de la Pro League.
C’est le KFC Winterslag qui a découvert le talent de Luc Nilis. À l’âge de 17 ans, il fait ses premiers pas dans le football professionnel dans le Limbourg. Au cours de ses deux saisons en deuxième division, l'attaquant formé au club a impressionné. Son talent ne passe pas inaperçu et ses qualités techniques sont immédiatement saluées.
En 1986, à l’âge de dix-neuf ans, Nilis rejoint le RSC Anderlecht, le grand club belge du moment. Malgré les grandes attentes placées en lui, le séjour de Nilis à Bruxelles ne se déroule pas comme prévu. Son caractère introverti et modeste provoque des tensions avec ses entraîneurs qui attendent de lui plus d'assurance. Il y a notamment eu l'altercation avec l'entraîneur Aad de Mos lors de la finale de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe contre la Sampdoria en 1990. « Ma plus grande déception à Anderlecht », dira Nilis par la suite.
« De Mos m'avait motivé avant la finale. J'allais rendre les Italiens fous avec mes courses rapides. Deux heures avant le match, on m'a dit que je ne jouerais pas », raconte Nilis. Frustré, il assiste depuis le banc à la défaite de son équipe face à la Sampdoria. La direction bruxelloise n'était pas entièrement convaincue non plus. Nilis ne répondait pas aux attentes. Et selon le président Vanden Stock, il sortait trop souvent.
Sur le terrain, les choses ne se passent pas non plus comme prévu. « J'ai toujours été confronté à des concurrents inattendus comme Weber, Oliveira et Strupar. J'ai eu du mal à le supporter », raconte Nilis à propos de cette période difficile chez les Mauve et Blanc.
De Mos et Nilis se sont réconciliés après la finale perdue en Coupe d'Europe. Le Belge s'était ressaisi et était devenu indispensable à l'équipe. Il avait à cœur de prouver que personne ne possédait un tir aussi magique que lui. Et il l'a démontré en marquant des buts légendaires à des moments cruciaux contre des grands d'Europe comme le Grasshopper Club Zurich et le FC Porto. C'est en partie grâce à son talent que le RSC Anderlecht a remporté à quatre reprises le titre de champion et à trois reprises la Coupe de Belgique.
Après huit saisons à Bruxelles, au cours desquelles il a montré à maintes reprises ce qu'il avait à offrir, il était temps pour lui de relever un nouveau défi. Nilis ne parvient pas à se défaire du manque de reconnaissance du RSCA et de ses supporters. En 1994, Lucky Luc décide donc de passer la frontière pour devenir l'un des chouchous du public à Eindhoven. Au PSV, il se fait rapidement une place dans le cœur des fans en formant une machine à buts bien huilée avec le super-attaquant brésilien Ronaldo.
Après six saisons aux Pays-Bas, Nilis réalise son rêve d'enfant. Aston Villa veut faire venir l'attaquant à Birmingham. Il n'hésite pas et saisit l'occasion à deux mains. Ce transfert devait constituer le point culminant de sa carrière. « Lucky Luc » n'a, toutefois, pas beaucoup de chance. Une terrible blessure vient vite briser son rêve. Après des mois de rééducation, il se rend compte que c'est terminé. « Et voilà. Vous avez 33 ans et vous êtes déclaré inapte pour ce que vous aimez le plus ». Cette période a été difficile pour Nilis, tant sur le plan physique que mental.
Le Limbourgeois s'est relevé. Les petites tensions avec les fans anderlechtois ont été aplanies. Et pendant que Nilis poursuit sa carrière d'entraîneur, le RSC Anderlecht l'a nommé au Hall of Fame. Les fans de football belges l’ont de nouveau accueilli. En raison de sa technique de frappe magistrale. Ses magnifiques touches de balle. Sa conduite de balle inégalée des deux pieds. Son caractère têtu. Sa générosité et son instinct de tueur. Les supporters ont voté en masse pour Nilis, lui octroyant ainsi une place éternelle dans le Hall of Fame de la Pro League. Enfin la reconnaissance qu'il recherchait et qu'il méritait.