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Hall of Fame

Au Hall of Fame : Jan Ceulemans, un Campinois discret devenu l'icône du football belge

Dans les années 70 et 80, un nom était synonyme de volonté, de détermination et de classe pure sur un terrain de football : Jan Ceulemans. Le Pallieter est resté fidèle à la Pro League tout au long de sa carrière et est devenu l'un des meilleurs joueurs belges de tous les temps.

Jan Ceulemans a reçu le virus du sport de ses parents dès son enfance, mais le football n'était certainement pas tout en haut de la liste. Le basket-ball, voilà ce qui animait le cœur de ses parents à Lierre. Le jeune Jan combinait les deux sports, sur la petite place à côté de la maison de ses parents, où papa et maman tenaient le café Basket. Ceulemans a évolué dans les séries nationales de jeunes en basket-ball, mais son père l'a mis au pied du mur : c’est soit le football soit le basket-ball. « Je préférais un peu plus jouer au football. Enfant, j'avais même défini ma carrière professionnelle. C'était la seule chose que je voulais faire », explique Jan. Un bon choix, comme les années le prouveront. 

Sa carrière de footballeur débute dans le club de sa ville, à savoir le Lierse SK, où il joue dans les équipes de jeunes dès l'âge de 7 ans - en même temps donc que le basket. Au début des années 70, Jan Ceulemans, alors âgé de 16 ans, rejoint l'équipe première du club qui est alors bien installé en première division. Lors de sa première saison, le « Caje » doit se contenter de rentrées en jeu, mais personne ne doute de son talent à la Chaussée du Lisp. Bien au-delà de Lierre, le nom du jeune Ceulemans est déjà inscrit en grandes lettres dans les carnets des recruteurs.

Ceulemans (sur le sol) chez Lierse

Toutefois, l'entraîneur Hans Croon ne veut pas lancer trop tôt le diamant brut, ce qui va à l'encontre des souhaits de Ceulemans.  Ce dernier veut montrer ce qu'il sait faire le plus rapidement possible. Le milieu de terrain ne devra pas attendre longtemps. L'été suivant, lorsque János Bédl succède à son prédécesseur néerlandais, « Sterke Jan » devient une valeur sûre dans l'équipe des « Pallieters ». Le jeune joueur impressionne et marque régulièrement.

Ceulemans fait sensation en formant un excellent tandem avec le jeune Erwin Vandenbergh. Le sélectionneur national Guy Thys ne peut plus ignorer l'élégant milieu de terrain et l'intègre à l'équipe nationale. Il n'est donc pas surprenant que l'attaquant travailleur soit courtisé par les grands clubs. Après plusieurs tentatives infructueuses, c'est le Club Brugge qui fait venir Ceulemans en Flandre occidentale en 1978. Après quatre années passées à Lierre, il était temps de changer d'air. La belle indemnité de transfert de 9 millions de francs belges - une somme considérable en 1978 - s'est avérée être de l'argent bien dépensé. En peu de temps, il devient un maillon indispensable et le visage des Blauw en Zwart. 

Avec Ceulemans dans les rangs, le FCB devient encore plus fort. Même si le Caje a le mal de sa région, il fait taire tous les doutes. Sur le terrain, son engagement et sa volonté en disent long. Il est non seulement d'une efficacité redoutable, mais aussi un stratège qui lit le jeu comme personne. La combinaison de son talent et de son caractère fera bientôt de lui une icône, en Belgique et bien au-delà. Mais c’est une année décevante pour le Club Brugge. Après trois titres en autant d'années, le FCB ne termine qu’à la sixième place. En finale de la Coupe, le Beerschot de notamment Juan Lozano se montre meilleur. 

Ceulemans termine la saison 1978-1979 en tant que meilleur buteur du Club Brugge et suscite l'intérêt de l'AC Milan, mais il refuse l'offre. Le Lierrois est séduit par cette reconnaissance individuelle, mais en raison de l'absence d’un prix collectif, il considère la saison comme un échec. Cela démontre l'esprit d'équipe et la mentalité de gagnant du Caje. Désireux de prendre sa revanche, il entame sa deuxième saison sous le maillot bleu et noir. Cela lui permet de remporter son premier Soulier d'or en janvier. Le Caje ne prend pas la grosse tête et continue d'évoluer à un niveau exceptionnel. 

Dans une lutte pour le titre passionnante, où le Club Brugge, le Standard de Liège et le RWDM se sont disputés le titre jusqu'aux dernières journées, Ceulemans et ses coéquipiers ont finalement pris le dessus sur leurs rivaux avec une série de 9 victoires d'affilée. Avec 29 buts en 34 matchs de championnat, le milieu de terrain a droit à tous les honneurs. De tels chiffres lui auraient normalement valu le titre de meilleur buteur, mais cette même saison, son ancien coéquipier Erwin Vandenbergh a inscrit 39 buts, un véritable record jusqu’à ce jour.

Ceulemans (gauche) contre le Standard de Liège en 1980

Après le titre de 1980, les Brugeois perdent leur place au sommet. Les Blauw en Zwart échappent même à la relégation en 1982. Ceulemans est lui aussi dépassé durant cette période sombre à l'Olympiastadion. Ce n'est qu'en 1985-1986 que le Club Brugge se bat à nouveau pour le titre, terminant avec autant de points que son éternel rival, le RSC Anderlecht. Deux test matchs décideront qui sera sacré champion. Après un match nul à Bruxelles, les troupes de Henk Houwaart se trouvent dans une position confortable. Le Club Brugge - avec un brillant Ceulemans - envoie les Anderlechtois au tapis et mène rapidement 2-0. Mais le RSC Anderlecht s'en sort avec un peu de chance. Ceulemans tire le ballon décisif au-dessus du but dans les dernières minutes et voit le rêve de titre brugeois partir en fumée. La victoire en Coupe contre le Cercle Brugge a quelque peu atténué la douleur. 

Coupe du monde au Mexique

L'été suivant, sous le soleil mexicain, le Caje continue de façonner sa légende. « Cela ne se reproduira peut-être plus jamais pour la Belgique », déclare Ceulemans avec émotion lorsque les Diables Rouges reviennent en 1986 après leur toute première demi-finale de Coupe du monde. Grâce à des buts importants, le milieu brugeois, qui s'est également révélé en tant que véritable leader, a permis à l'équipe nationale d'éliminer l'Union soviétique et l'Espagne. L'Argentine de Maradona a été le point final pour les Belges, qui ont été accueillis comme des héros sur la Grand-Place de Bruxelles. Grâce à ses qualités offensives (3 buts), à son leadership et à son intelligence, Ceulemans a joué un rôle clé dans ce qui allait devenir l'une des campagnes sportives les plus réussies de l'histoire de notre pays.

Sur le plan individuel, le Caje se démarque dans le championnat belge. Il reçoit deux autres Souliers d'Or et est élu Joueur de la saison à trois reprises (1980-1981, 1985-1986 et 1986-1987). Malgré ces récompenses, Ceulemans est toujours resté un footballeur sobre et travailleur. « Je joue pour l'équipe, pas pour ma gloire », affirme le capitaine brugeois. Et cette soif de résultats collectifs est récompensée. Sous l'impulsion du Caje, les Blauw en Zwart se sont à nouveau hissés parmi les meilleures équipes de Belgique. Les saisons suivantes, ils sont à nouveau champions de Belgique à deux reprises et remportent la Coupe à deux reprises.

Ceulemans est considéré comme le roi de Bruges et se sent chez lui à Sint-Andries. Mais une grave blessure au genou en 1991 met un terme brutal au règne de Ceulemans. Sterke Jan ne revêtira plus jamais le maillot bleu et noir. Une lourde perte non seulement pour les Brugeois, mais aussi pour tous les fans du football belge. La carrière impressionnante de Ceulemans fait des envieux. En 517 matchs de championnat, il a marqué pas moins de 229 buts. Avec 46 goals, le Caje est également le meilleur buteur de l'histoire de la Coupe de Belgique.  Son palmarès comprend trois titres de champion, trois victoires en Coupe, trois Souliers d'or et trois titres de Joueur de la saison. Sa brillante carrière est désormais immortalisée par une place dans le Hall of Fame de la Pro League.