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Pro League

Qui est Boudewijn Braem, candidat au Hall of Fame ? L'ange gardien qui a laissé vie au KV Kortrijk

De la quatrième à la première division, une fusion et une quasi-faillite. Boudewijn 'Bo' Braem a tout connu. Plus fort encore, c'est lui qui a toujours maintenu le KV Kortrijk sur la bonne voie. Un véritable héros à Courtrai, mais peu connu ailleurs. Lisez ici l'histoire de ce milieu de terrain emblématique qui a rendu son dernier souffle au stade des Éperons d’or. 

En 1967, Bo fait ses débuts à à peine 17 ans au Kortrijk Sport. À l'époque, le club de Flandre occidentale évolue encore dans la quatrième division du football belge. Braem s'est immédiatement imposé et a fêté, en tant qu’adolescent, la promotion en troisième division dès sa deuxième saison. Le jeu de ce milieu de terrain accrocheur dépassait les directives tactiques. Les Courtraisiens avaient un nouveau chouchou. 

Une fidélité récompensée

Lors de la saison 70-71, le Kortrijk Sport est à nouveau relégué. Le Stade Kortrijk, rival de la ville, ne se porte pas bien non plus. La détresse courtraisienne débouche sur une fusion, qui donne naissance au KV Kortrijk, tel que nous le connaissons aujourd'hui. Le club continue à jouer sous le matricule 19 et adopte les couleurs rouge et blanche de la ville de Courtrai. 

Malgré l'intérêt d'autres clubs et la période compliquée, Braem reste fidèle à son équipe et descend en quatrième division avec elle. En dehors du terrain, Bo était employé de la poste. Tous les supporters pouvaient donc aller lui parler à son guichet. C'était un garçon du peuple qui restait avec les fans après le match pour une analyse autour d’un bon verre. Beaucoup de grands clubs l’ont approché, mais BB est resté fidèle au KV Kortrijk dans ses meilleures années.

Sa loyauté a été récompensée, puisqu'il s'agissait de ses dernières années avec le « VeeKaa » dans les divisions inférieures. Le KV Kortrijk est promu en troisième division après une saison et deux saisons plus tard, le 27/05/1976, le KVK remporte le match pour la promotion sur le score de 3-2 face au Waterschei et accède pour la première fois au plus haut niveau. Pour son premier match dans l’élite, Braem a livré une performance brillante qui a été décrite dans les journaux comme « The B.B. show ».

Des adieux en demi-teinte

Outre l'accession au plus haut niveau, la qualification pour les demi-finales de la Coupe de Belgique 79-80 est peut-être l'un de ses moments forts. Le KV Kortrijk, entre-temps redescendu en deuxième division, avait réalisé un parcours mémorable en Coupe de Belgique. Lors du match retour des demi-finales, le Waterschei THOR SV s'est, toutefois, avéré trop fort pour les « Kerels ».

Match aller demi-finale Coupe de Belgique KV Kortrijk - Waterschei THOR. Bo Braem (debout, deuxième à gauche)

Son histoire en tant que joueur a connu une fin malheureuse à la suite d'un conflit avec l'entraîneur de l'époque, Henk Houwaart. D'abord, Braem ne se présente plus. Il doit ensuite s'entraîner à l’écart pendant des mois. Le lien ne se rétablit pas et Boudewijn rejoint l'AA Gent en 1981, en compagnie de son coéquipier Johan Vermeersch. À Gand, il alterne les performances de haut niveau et les blessures et quitte le football professionnel deux ans plus tard.

Loin des yeux mais pas du cœur

Braem n'oubliera jamais le KV Kortrijk, qui est resté le club de son cœur. Des années plus tard, « Mister VeeKaa » fait son retour en tant qu'entraîneur intérimaire. En 1989, il succède à … Henk Houwaart. La revanche ultime. Au cours des années suivantes, il occupe encore plusieurs fois le poste d'entraîneur du KVK. Au printemps 2001, Bo est devenu l’ange gardien du matricule 19.

Cette année-là, le KV Kortrijk se dirige vers une faillite inévitable, mais Bo ne baisse pas les bras. Avec ses anciens coéquipiers Luc Vanneste et Michel Timmerman et des passionnés comme Joseph Allijns, il part à la recherche d’investisseurs pour sauver le club de la faillite. Braem trouve finalement 6 millions de francs belges, soit assez pour sauver le KV Kortrijk. Comme il ne restait plus beaucoup de moyens financiers après avoir remboursé les dettes, Bo a même endossé de nouveau le poste d'entraîneur. 

Son esprit veille sur le stade des Éperons d’or

Entre-temps, Bo Braem n'est plus de ce monde, mais sa mort ne fait qu'ajouter au mythe qui entoure ce personnage populaire. Le 26 mai 2005, le Courtraisien effectue volontairement - il ne remplit alors aucune fonction officielle - sa ronde quotidienne au stade des Éperons d’or. Mécontent de l'état de la pelouse, Braem met lui-même les mains à la pâte lors d’une chaude journée de printemps. Seul problème : les tondeuses ne fonctionnent pas. Braem a donc été chercher sa propre tondeuse dans son modeste logement social.

L'ex-milieu de terrain a travaillé sans relâche pendant trois heures sous un soleil de plomb pour faire du terrain un véritable billard avant le match de dimanche. Après ce dur labeur, Braem s'est offert une boisson rafraîchissante dans la cafétéria située derrière la tribune du kop, mais on ne l'a plus jamais revu vivant. Ce n'est que le lendemain matin que le fournisseur de bière local a retrouvé le corps sans vie au stade des Éperons d’or. Une insuffisance cardiaque l'a emporté. 

« Boudewijn Braem (54 ans) était le plus grand joueur que le KV Kortrijk ait connu », titrent les journaux. L'esprit de Braem repose là où son cœur s’est arrêté de battre et veille à jamais sur son Veekaa.